Organisation

Abrüpt, il ne s’agit pas là simplement d’une exclamation souhaitant une quelconque effervescence sociale, d’un rêve d’avenir, ou de l’écho hurlant notre présent, mais aussi, plus trivialement, d’une agitation éditoriale organisée autour d’une association à but non lucratif, qui tente de servir une certaine idée du désœuvrement : le renversement par le verbe renversé.

Quelle graphie pour cette idée ? Abrüpt — la grammaire est un mensonge, et le signe diacritique un cosmétique de la langue à dessein d’inscrire en variations et en erreurs les sonorités d’un même sens. À en croire la langue germanique, le tréma est Umlaut : l’Um-Laut, l’autour du son. Par la trace, la transformation sémantique. Par l’écriture, la direction altérée.

À la recherche de cette altération, notre situation demeure les Internets, là où le déracinement réticulaire entretient la virtualité de nos dérives. Nous errons entre les réseaux, malgré leur commerce, aux alentours de l’idée que nous nous faisons de la théorie critique, dans l’espoir d’offrir quelques courts-circuits à ses mutations à venir.

À cette fin, nous nous vouons à la liberté de l’information et révérons ce que la piraterie littéraire corrompt au sein de nos langueurs sociales, mais nous trafiquons encore, contre tout espoir, quelques curiosités, en assurant de justes gains à nos autrices et à nos auteurs complices. Nous œuvrons au désœuvrement, et néanmoins il nous arrive de puiser dans un savoir artisanal, de lui offrir une métamorphose numérique, pour composer nos ouvrages, qui composent à leur tour le creuset de nos réflexions. Au travers de leur contingence, nous plaçons notre imaginaire au-delà de la monnaie, là où l’économie du don avive des mondes nouveaux. Notre dialectique est celle qui confronte le chiffre au chiffre de la loi, auprès de laquelle la négation de la négation se fait foyer de la réévaluation de nos valeurs. Dans ce seul dessein, notre politique de partage forme une praxis de nos chimères.