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2 novembre 2018
La piraterie littéraire n’est jamais finie.Le clavierentre les dents,nos mains animalesfrappent la matière,elles martèlent le réseaudans l’espoird’entendreun quelconque écho,et notre quête digitales’efforce dedévoilerle langage obscurde notre futur.Construirele communde nos aventuresdébutepar la destruction de notre grammaire.Notre rêvecommanded’abattre les murs,de ne jamaisles remplacerpar des frontières nouvelles,d’étendreles horizonsjusqu’à ce que l’œilse perde loin denos mondes.Et au cœur decette tâche sorcièrequi augureles cycles à venir de nos communications,l’outil des renaissancesne peutêtre autreque le lienqui nous riveà notre présent :la littératureou cette cloison de nos échanges humains.Littérature, littera,la lettre de l’alphabet,nous remontons le sensde ce terme vaporeuxà l’arroganceun peu artistepour n’en garder queson acception étymologique,celle de la granularité langagière,la composante graphique,la lettrequi s’amasseen des chaînes structuralesdans le but desaisirle réel.À travers les âges,l’humains’est risqué àl’évolutionle long deses constructions littéraires.Il a fait œuvre detranscrirepar des motsles phénomènesqu’il se représentait,mais s’est fait prisonnierde ses propres représentations.L’humain, le modernes’est isoléderrièreune invisible limite,le nommable.C’estdans cette failleque le marteau numériquedoit frapper,en désignantl’innommable,en excavantl’information brutequi se terresous le langage. La littérature doitse débarrasserde ses contraintes,et quel meilleur moyend’entamercet affranchissementque celui de détruire le livre.Cette destructionn’est pas à comprendrecomme un autodafé,un acte de foi,mais précisément commel’anéantissement de la foi,celle en le langage.Se révèleainsi ce qui s’y dissimule,les ombres de l’information,l’immatériel brut,le chiffre.Le livre en lui-mêmeporteune histoire de la barrière.Son senss’est construità partir de l’écorcedes arbres,le liber,cette peauvégétaleoù s’inscrivirentles premiers textes humains.Millénaires durantla transcriptionde notre réels’est contentéed’une surface bidimensionnelle,y a enfermé le texte,mais aujourd’huinous nous devonsd’abattrenos idoles de papier,d’observerau-delà de leur crépuscule.Il nous faut creuser la terre,dans le respectdes humains et de notre environnement,construiredes matériaux électroniques nouveauxqui accélérerontencore davantagenotre langage,et nous emporterontdans ce grand œuvre de notre époque :la multiplication des dimensionsen vue de la destruction des apparences. Que faire ?Chercher à détisser le texte,à abolirle principe même de surfacequi recueilleraitnos graphies.La graphie estdéjà en soiune surface, celle de l’information,qui peut aujourd’huiêtre aisémentsaisissabledans sa traduction en binaire.Un texte n’estqu’un instantané littéraired’une perception du réel,une transcriptionqui donne forme subjectiveà un phénomène objectif,et qui trouveraune résonance particulièredans les différents récepteurs de celle-ci.L’information subjectives’offre àla multiplication des interprétations,des subjectivités.Envisager le textedans sa version numériquemet en évidencecette essence dynamique,la récursivité subjective de l’information.Quelle que soit la languequi permet d’exprimerune perspective au travers d’un texte,son affichage informatiquene se composeau premier abordque d’une accumulation substantielledu chiffre.Dans cette vision stroboscopiquede la traduction binaire d’un texte,dans cette suite versatilede 0 et de 1,existeune identité de la graphie,et cette bipolarité numériqueexprime,malgré le morcèlementde nos langues,une communautésymbolique de l’information. C’estcette substancequi doitêtre sondée,et par la fission des graphies,une excavationde la moelle informationnelledissimulée dans le textefait placeau devenir denotre appréhensionhumaine du réel.Il n’y a pas d’objectivitépar le langage,mais un agglomératd’interprétations.Éroderl’illusion graphiquede nos littératuresqui se veulentobjectivesaideà se placerau plus près del’essence mouvante de l’information,et d’y inscrirenos interprétationsen parallèle decette dynamique naturelle. Il serait même envisageabledans une compréhension instantanéede l’information de se défairede la temporalitédu texte,de sa tramequi se découvreau fil de la lecture.Tel un pictogrammedont la signification estperceptiblepresque immédiatement,le déplacement de l’esprit humainvers l’information brutedu texte présageune croissancede sa capacité interprétative,d’une multiplication des perspectivessur son monde.Cette multiplication souhaitéecomme une sagesse futurede l’humain trouveune source possibledans la dimension numériquede notre époque.La littérature numériqueexposesous différents anglesla trame du texte,et lui accordedes temporalités différentes. C’est par la multiplicationdes médiasque s’annoncela division des surfaces,comme si le multi-médiaétait une voievers l’unité plurielle de l’information— il faut entendrecette expression paradoxalecomme l’affirmation de l’informationen tant que substancedynamique, mouvante,dont la perceptionpar chaque entité perceptive,qu’il soit questiond’un être humainou d’un robot,un webbotpar exemple,diffère et pourtantrejoint l’unitéde la dynamique informationnelle.Il s’agit là de l’apparitiond’une cybernétique littéraire,d’une disparition des entitéscomme le texte lu,le lecteur du texte lu,le moyen de découverte du texte lu,etc.,pour une mise en avantde la circulationde l’information littérairedu texte entreces entités.C’est le foisonnement decette circulationqui est la clef dela révolution numérique. Dans cette constructiond’une nouvelle èrede l’information circulante,la perception dela multidimensionnalitédu texte par la puissance numériqueest une première étapedans la recherche d’une traverséevers une société cybernétique.La fluidité harmonieused’une information librefavoriseraitl’avènementd’une réelle démocratie animéepar la justice sociale.Poindraiten elleune politique des communs,à la conditionessentiellede cette liberté de l’information— mais notre époquedes petits avoirs et des grands commercesla menace.Le combat s’annonce,et comme nous l’a apprisl’histoire,la littérature est l’étincellequi embrasela société,alors dans cette lutteoù les propriétaires dominent,où la liberté semblesi précaire,il faut faire feu littéraire,offriraux multiples dimensions du texteleur indépendance,piraterles normes numériquespour instaurerune idée :l’autonomie créatrice.

Ce texte est pluriel.
Il recherche la peception
multi-média de la littérature.