L’image d’un sucre d’orge tournant sur lui-même dans une fabrique de Berlin est-elle l’horizon ultime de la radicalité benjaminienne ? Nous ne le pensons pas. Mais alors que faire de cette féerie, de la marchandise qui la charrie et de son monde ? Nous contenter d’une critique strictement idéologique de la réification marchande ? Nous y fondre et les subvertir de l’intérieur ? S’il est entendu que les fantasmagories du Capital ont pour fonction de dévitaliser tout désir postcapitaliste, de neutraliser toute critique du patriarcat et de l’État racial, se confondent-elles nécessairement avec le rêve ? Dans un monde entièrement gouverné par la Marchandise et le règne de la Raison capitaliste, comment les dissocier ? Autrement dit : comment confronter le rêve à une approche matérialiste des rapports de classe et de domination et gagner conjointement les « forces de l’ivresse » à la révolution ?
L’ouvrage se compose d’un avant-propos du groupe volodia, de la version française de l’exposé « Paris, capitale du XIXe siècle » (1939) et d’une somme d’interventions textuelles ou graphiques.